Dans l'intervalle - Requiem pour une bombe
D’où vient que l’on utilisait autrefois, au Québec, le mot bombe au sens de «bouilloire»? s’est demandé Zénon à la lecture de mon billet de mercredi dernier (ci-dessous).
Belle occasion d’ouvrir mon Glossaire du parler français au Canada (réimpression de l’édition publiée en 1930); cependant, si l’emploi y est consigné, je n’y trouve aucune indication de provenance.
Mais j’ai aussi Le Robert – Dictionnaire historique de la langue française, où j’apprends d’abord que «l’histoire du mot reflète celle des techniques d’artillerie : bombe désignait anciennement un gros boulet creux rempli de poudre et tiré par un mortier». Cette forme ronde a donné lieu, à partir du dix-septième siècle, à des emplois figurés ou analogiques : ainsi, bombe a désigné un gros vase sphérique (1771), et je ne dois pas être la seule à raffoler de la bombe glacée. Les auteurs ajoutent, précision intéressante, que «ces métaphores sur la forme ronde ont cessé d’être productives» au vingtième siècle, «avec le changement de forme des explosifs appelés bombes».
L’ouvrage ne mentionne pas le sens de «bouilloire», mais on est fondé à croire, à mon avis, qu’il s’agit là d’un emploi métaphorique, disparu avec le type de bombe que l’ustensile de cuisine évoquait jadis.
Line Gingras